Une ou plusieurs laïcité

Projet de CR réunion du Cercle Condorcet Stéphanois

le lundi 05 Février 2018

Participants : Lucienne VALLE-ROBERT, Jean THIERRY, Bruno CLEMENTIN, Jacques COLLARD, André DUCAT, Marc DAMON, Bruno VENNIN, Gilles EPALE, Yvan SERPOUEY.

Animateurs : Marc MONDON et Guy BIHEL

Secrétaire de séance : Viviane TOUZET

Excusés : Alain BONNASSIEUX, Farida GARARA, Marie Hélène SAUZEA Marie Christine THIVANT, Jacqueline LABLANCHE.

Le Cercle Condorcet Stéphanois est une renaissance d’un ancien cercle à l’initiative des militants des associations laïques Ligue, Francas, JPA …. qui permet de donner aux citoyens, l’occasion de se réunir, d’échanger de se former lors de conférences ouvertes au grand public, (Intérêt général ; le handicap …).

Egalement d’être un lieu d’échange en plus petits groupes autour des questions qui touchent à la laïcité.

Plusieurs thèmes ont été avancés et choisis:

*Une ou plusieurs laïcit(é)s aujourd’hui

*La laïcité et la tolérance la prochaine fois

*Les discriminations

*La mixité

*Le droit au blasphème

*La religion / L’intégrisme

*….. …..

Présentation et argumentation du Power Point par Marc MONDON sur  » Une ou plusieurs laïcit(é)s ?  » (Thème choisi de ce soir)

Il s’agit de présenter une analyse politique de la question pour aider à la compréhension de la situation complexe que l’on connait.

La Laïcité est trop souvent un mot qu’on évite d’employer, un mot qui fait peur, un mot qu’on a du mal à cerner … et c’est pourtant un principe constitutionnel.

VOIR LE POWER POINT EN PIECE JOINTE

DEBAT : Pour l’histoire Guy Bihel nous rappelle qui était Condorcet.

Philosophe et mathématicien il est aussi un homme politique est élu à la Convention où il a déposé un projet de loi sur la mise en place d’un service public de l’Education. C’est une première approche et une introduction de la laïcité.

Concrètement, la laïcité est fondée sur le principe de séparation juridique des Églises et de l’État.

Cette séparation garantit la liberté de conscience et le droit de d’exprimer ses convictions: le droit de croire ou de ne pas croire, de changer de religion, être indifférent à la religion.

Bruno CLEMENTIN intervient et fait remarquer qu’il en manque un On n’a pas à poser cette question et on n’a pas à y répondre.

Pour Gilles EPALE, au delà du power point, le principe de la laïcité , c’est descriptif. C’est à dire « qu’est ce qu’on met derrière les adjectifs? ».

Il fait référence à Bauberot, pour qui il n’existe pas de modèle de laïcité.

On parle souvent de laïcité « ouverte » mais ne pourrions nous pas penser qu’il existe une laïcité « fermée » ?

Marc DAMON rappelle que « quand on est laïque, est ce qu’on n’est pas

automatiquement anticlérical » ?

D’après les dires de Emmanuel MACRON , la laïcité doit être radicale . Mais comme il ne s’exprime pas sur cette affirmation, le pire est à craindre.

Attention, de ne pas confondre:

*Anticlérical l’opposition à l’intrusion de la religion dans la politique.

*Antireligieux l’hostilité par principe à toute religion.

Pour Jean THIERRY, la laïcité est une laïcité à la française : on respecte la loi, mais vous faîtes ce que vous voulez chez VOUS.

Il y a des progrès à faire sur celle-ci.

Si on en parle beaucoup aujourd’hui , c’est pour lutter contre une seule religion.

Bruno VENNIN estime que la loi de 1905 a été élaborée dans un contexte et que ce contexte a changé . Faut-il la revoir ? C’est un point de vue qui est objet de controverses .

Bruno CLEMENTIN revient à la mise en place, progressive, de la laïcité.

*La laïcité , c’est le contenu de la loi de 1905. Une éthique basée sur la liberté de conscience.

*En 1946, c’est le principe inscrit dans le préambule de la constitution Liberté d’opinion et de religion.

*En 1958, elle prépare la loi de 1959, et en 1959 elle entre dans les croyances.

*En 2004 c’est la dernière loi, en application du principe de Laïcité, l’interdiction des signes ostentatoires par lesquels les élèves manifestent une appartenance religieuse.

En 2011, établi par le ministère de l’intérieur, Nicolas Sarkozy sort le code de laïcité et de liberté religieuse.

QULELQUES EXPRESSIONS PRISES AU VOL :

Le religieux corrompt le Vivre ensemble:

Prenons exemple de Châlons sur Saône, concernant les repas à la cantine.

Le débat est quotidiennement houleux dans les structures et associations. Plusieurs questions sont soulevées:

*Où est l’obligation?

*Où est l’interdiction?

*Comment gérer?

*Pourquoi, aujourd’hui, cette dérive? ( ramadam, halal…)

*Pourquoi cette exigence de la viande halal s’impose t’elle?

Fournir de la viande halal ou casher est contraire à la loi 1905 dans un établissement public. Car il y a financement indirect d’une religion .

Hormis des contraintes de neutralité de l’Etat et de ses agents,, est ce qu’on doit s’insurger d’une revendication alimentaire, vestimentaire ?

Le Vivre ensemble c’est apprendre ensemble, manger ensemble…

Nous constatons que la Laïcité est l’enjeu de la société.

Il y en a qu’une seule et elle ne doit pas être remise en cause .

Elle n’a pas lieu d’être débattue.

Et pourtant elle est l’objet de confusion, de division de la Gauche, sur le sens à lui donner, sur ses origines historiques, sur la place qu’elle occupe ou est censée occuper dans notre société.

Elle est interpellée par des pratiques intégristes ou radicalisation de la religion.

Il faut:

Libérer la société des pratiques intégristes qui concernent toutes les religions

Toutes les religions doivent être traitées de la même façon .

Les pratiques religieuses de tout citoyen doivent être respectées.

CONCLUSION:

Condorcet – Briand – Jaurès

Qu’est ce qu’ils auraient répondu aujourd’hui : Une ou plusieurs Laïcit(é)s ?

A chacun de choisir …

A noter un livre recommandé :

« Athéisme » d’Alembert sa conclusion est surprenante

il exprime qu’il faut supprimer … l’athéisme. ???

ANNEXE

Le point de vue de Guy BIHEL :

La douzaine de militants que nous étions avec sa somme considérable d’expérience et de vécu, ne pouvait que construire un débat solide, réfléchi et suffisamment contradictoire pour aborder la complexité nouvelle du contexte sociopolitique – telle que présentée par Marc Mondon pour ouvrir la séance.

Si la question » existe-t-il une ou plusieurs Laïcité ? » avait été posée à Condorcet, Briand et Jaurès…quelle réponse envisage-t-on de leur part?

Briand et Jaurès ont été très présents et influents dans les débats qui ont forgé la Loi de 1905.

Les précautions infinies et subtiles qu’ils ont imposées dans la rédaction des textes ont garanti la définition d’UNE Laïcité -VALEUR Républicaine DEMOCRATIQUE.

Le nom de Condorcet – même si d’innombrables Lycées et Collèges s’en honorent – n’évoque pas toujours suffisamment les efforts de ce grand scientifique, géomètre, ami de Voltaire et d’Alembert, célèbre dans toute l’Europe des Lumières, en faveur de la République.

L’Ecole qu’il veut créer pour former des Citoyens libres, égaux et fraternels conduit forcément à la République.

Libres, parce que fanatisme et dogmatisme seront bannis de l’Ecole.

Egaux parce que chacun disposera des mêmes Droits d’accéder au savoir.

Fraternels parce que pauvres et riches, garçons et filles seront instruits ensemble par les mêmes maîtres, dans les mêmes écoles.

Là se joue pour Condorcet l’avenir de la Révolution.

Dans son volumineux rapport présenté à l’Assemblée Législative en Avril 1792, il souligne que l’instruction publique NE SERA ASSUJETTIE à AUCUNE AUTORITÉ RELIGIEUSE.

C’est le principe de la Laïcité de l’Ecole.

Mais, ironie du sort, le 20 Avril 1792, Condorcet parle Instruction et Philosophie à des hommes qu’enfièvrent la guerre et la politique.

( Un an plus tôt, le 13 Avril 1791,en tant que Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, il a défendu à la Constituante un projet de décret instituant « la laïcité de l’Etat Civil et de l’Instruction publique ».

À ces exigences-ci, la Constituante s’est dérobée.)

Condorcet, profondément laïc, inscrivait la Liberté de conscience au rang des Droits de l’Homme.

Cette liberté excluait qu’il y ait un culte unique, comme l’égalité interdit qu’il y ait un culte national, c’est à dire entretenu par la Nation.

Voilà ! Je pense que 220 ans après, l’engagement total de l’Homme de Sciences, philosophe des » Lumières et homme politique acteur de la Révolution apporte sa réponse à une question qui l’aurait plutôt étonné !

« Plusieurs Laïcités? Pourquoi donc? C’est contraire à toute Raison. »

Le point de vue de Marc MONDON

Premier essai plutôt réussi pour notre soirée.

Débat riche et convivial, même si on n’est pas tous d’accord.

Sur la question posée, la laïcité est définie clairement dans la loi de 1905 : neutralité de l’Etat, liberté de conscience, liberté d’expression. Tout ce qui est déviant par rapport à ça ne peut pas se réclamer de la laïcité. 

Aussi Jean BAUBEROT, (aussi estimable soit-il pour son travail sur l’histoire et la sociologie de la laïcité), prend des chemins de traverse dangereux quand par exemple, il assimile la laïcité au statut d’Alsace Moselle, ou quand il reconnaît la qualité de laïque à Marine LE PEN ou Nicolas SARKOZY, pourquoi pas Laurent VAUQUIEZ ???

Son travail de classification ne retient pas des éléments comme la distinction des sphères publique et privée, la précellence de l’universel sur le particulier et de l‘intérêt général et du bien commun, ou la distinction entre croyance et connaissance chère à Condorcet…

Ajoutons que Jean BAUBEROT fut le seul membre de la Commission STASI à s’abstenir sur le vote d’une partie du rapport qui proposait l’interdiction dans les écoles, collèges et lycées publics des « tenues et signes manifestant une appartenance religieuse et politique ». (On pourra y revenir à l’occasion)

Le Larousse nous donne une définition très claire de la Laïcité : « Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l’exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l’organisation de l’enseignement. »

Pour BAUBEROT plutôt que de séparation, il s’agirait des relations entre les églises et l’Etat avec toutes ses variantes.

Donc d’entrée de jeu, il biaise le débat et valide les positions des adversaires de la laïcité qui n’en demandent pas tant …

Dernier point critique sur le power point : plutôt que de parler de Gauche anti-colonialiste et de Gauche anti-totalitaire il serait peut être préférable de parler de Gauche Communautariste et de Gauche universaliste !!!

Le point de vue de Farida GARARA

Bonjour,

N’ayant pas pu venir, je me permets néanmoins de revenir sur cette loi de laïcité très libérale et qui fixe des règles établies.

Ces règles sont différentes selon les contextes.

Nul est sensé ignorer la loi dans ce domaine et le regard porté par rapport à des stéréotypes ne peut être accepté car il n’interdit pas dans certains espaces le port du voile. Car c’est bien de cela dont on parle.

Je rappelle que les religieuses portent encore le voile selon leur communauté.

Je me refuse à rentrer dans une bataille politicienne et me réfère seulement à ce qu’est la loi et sur quoi elle s’est construite.

A une certaine époque, la religion ayant pris le pas sur toutes les décisions et même celles relatives à la vie quotidienne des gens et leur vie privée ne laissait pas de liberté et seul le dogme religieux dominait et particulièrement celui du catholicisme et tout ceci par le réseau de l’école et du savoir.

La laïcité et l’école publique laïque ont à ce sens donné une neutralité et donné l’enseignement des valeurs Républicaines de la République jusqu’à dans les années 1980 par le biais de l’instruction civique et de chants tels que celui de la Marseillaise et même celui des partisans.

L’abandon de ces références est à mon sens ce qui a fait perdre de vue le sens de nos valeurs de vivre ensemble.

Une sorte de code appris à l’école que chacun d’entre nous pouvait reconnaître.

En tout état de cause, ces règles portaient également une valeur essentielle et qui est comprise encore dans un des premier articles de la Constitution de 1958 et aussi de 98 qui est l’égalité de traitement et au-delà de droits et donc de devoirs.

Peut–on aujourd’hui objectivement faire grief à toute une jeunesse et même jusqu’aux quarantenaires de ne pas connaître nos codes ?

Non ! puisque cette frange de notre société ne les ont pas appris !

J’ai conscience de remuer sans doute des choses mais en même temps, la femme que je suis, issue de l’immigration mais néanmoins une petite élue Française en charge d’un quartier fait ce constat et frôle la colère.

Comment un quartier, comme celui de Côte Chaude connu pour être un quartier socialement brassé, est devenu un quartier presque de communautés sur Saint-Etienne ?!

Pour moi les particularités ne comptent pas, mais seules comptent les règles de vivre ensemble que sont nos lois et celle de la laïcité est une très belle loi.

Le respect en est une référence essentielle.

Pour finir, La liberté des uns s’arrête à partir du moment ou celle des autres commence.

Ce sont les règles de vivre en collectivité.

REACTION DE Marc MONDON au texte de Farida GARARA  : La question du port des signes religieux … un thème à ajouter aux autres