LA LAÏCITE et la GAUCHE…..AUJOURD’HUI

Marc MONDON. Le 7 décembre 2022

 

LE PLAN

Introduction

  1. Qu’est-ce que la Laïcité ? Les lois laïques.
  2. Qu’est-ce que la Gauche ? 
  3. Le clivage à gauche : universalistes laïques et différentialistes identitaires
  4. L’évolution du mouvement « BEUR »
  5. La dérive décoloniale
  6. le PIR , la non mixité et Houria BOUTELDJA
  7. Marwan MOUHAMMAD un nouveau Tariq RAMADAN ?
  8. Racisés ou universalistes  ?
  9. Choisir son camp : le 10 novembre 2019

10-L’exemple de Danielle OBONO

11-Conclusions provisoires

12-Les sources

INTRODUCTION

La LAÏCITE ET LA GAUCHE en France ? Cela a été longtemps un mariage d’amour.

  • Dans la troisième République c’est la Gauche qui a imposé la loi laïque de 1905 à une Droite catholique et souvent encore royaliste et bonapartiste.
  • Dans la quatrième République, la Droite catholique, à travers le MRP (Mouvement républicain Populaire) a exercé une grande influence sur la vie politique et c’est la Gauche, malgré sa profonde division entre Communistes et Socialistes, qui a combattu avec fermeté … mais sans beaucoup de succès, les politiques anti-laïques des gouvernements dont le MRP était régulièrement le pivot.

Le très catholique René COTY a même été le premier président à se rendre au Vatican pour y recevoir le

titre de chanoine de LATRAN !

  • Dans la cinquième République, les gaullistes et l’Eglise catholique ont convergé. Dans l’opposition, la Gauche (1958-1981) a élaboré un grand projet d’Education (celui du C.N.A.L.) qui devait régler la question du dualisme scolaire et replacer la laïcité au sein de l’institution scolaire.
  • Mais dans un second temps, (1981-2002) la Gauche socialiste au pouvoir est allée d’ambiguités en compromissions, voire en trahisons (pas de remise en cause des lois anti laïques MARIE, BARANGE et DEBRE, abandon du projet SAVARY, accords LANG CLOUPET, affaire du voile de CREIL, refus d’abroger comme promis la loi CARLE …) consacrant l’abandon d’un principe républicain fondamental.

Aussi aujourd’hui avec l’apparition d’une Gauche que l’on peut appeler, tour à tour, américaine, différentialiste, identitaire, décoloniale … et en tous cas anti-laïque et même parfois anti-républicaine … les relations entre la LAICITE et la GAUCHE (doit-on dire LES GAUCHES ?) sont devenues une véritable pomme de discorde.


A tel point qu’une militante laïque stéphanoise nous a un jour posé cette question : « Expliquez – nous, la laïcité aujourd’hui, on n’y comprend plus rien. »

Aussi avec ce 10ème atelier de la laïcité, le Cercle Condorcet Stéphanois a pour modeste ambition de tenter d’analyser pour mieux comprendre cette situation nouvelle.

Tentative risquée, difficile, courageuse, polémique, insurmontable ? Peut-être, mais nécessaire dans un contexte politique explosif.

 

1-Qu’est ce que la Laïcité ?

La laïcité une idée qui vient de loin.

La laïcité s’appuie on va le voir sur deux piliers : la SEPARATION du politique et du religieux, et l’extension des LIBERTES (de conscience et de culte) ;

Pour ce qui est de la SEPARATION DU POLITIQUE ET DU RELIGIEUX le premier à en avancer l’idée fut semble-t-il Jésus Christ lui-même, qui en réponse aux marchands du temple qui lui demandaient à qui ils devaient payer l’impôt: à l’empereur romain ou à lui, répondait  dans cette formule célèbre « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » en ajoutant « Mon royaume n’est pas de ce monde » Ces phrases bibliques que l’on retrouve dans trois Évangiles synoptiques sont une belle définition de la séparation entre le politique et le religieux.

Ce n’est que Paul de Tarse (Saint Paul) qui, plus tard, théorisa que « Tout pouvoir vient de Dieu » ce qui est l’antithèse de la séparation.

Pour ce qui est de l’EXTENSION des LIBERTES il faudra attendre AVERROES philosophe arabe andalou du XIIe siècle, SPINOZA et les philosophes des Lumières, en particulier CONDORCET et les Droits de l’Homme.

En recherchant dans l’Histoire on constate que le mot laïcité n’existe pas avant la fin du 19ème siècle. On dit que c’est Ferdinand BUISSON vers 1880 qui l’utilisa pour la première fois. Auparavant on avait recours au mot de Tolérance… qui est à la fois proche et différent.

Le concept a été précisé à travers des lois en particulier celle de 1905 qui pourtant n’utilise pas le mot.

1905

En 1905, la loi d’Aristide BRIAND et de Jean JAURES, indique dans son article premier que :

« La République assure la liberté de conscience. »

  • Elle assure aussi la neutralité de l’Etat qui « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. »
  • Elle « garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public établi par la loi »

C’est la résultante d’une lutte contre l’intolérance, contre le pouvoir absolu de la royauté complice du clergé catholique. Cette loi a permis à la République de récupérer les richesses accaparées par l’Eglise au fil des siècles.

Cette loi dite de « séparation des Églises et de l’État », adoptée le 9 décembre 1905, est une loi d’équilibre qui remplace alors le régime du concordat napoléonien de 1801, hors Alsace-Moselle malheureusement, ces trois départements, lors du vote de la loi, étant allemands.

Une loi d’équilibre ? Oui puisqu’elle rejette les positions extrémistes :

  • à Droite Charles MAURAS qui, comme le Vatican, rejette alors toute idée de séparation et souhaite le retour à l’ancien régime (la royauté) et au catholicisme comme religion d’Etat.
  • à Gauche où les héritiers d’Emile COMBES : Maurice ALLARD et Charles CHABERT, proposent de bannir les religions de l’espace public. On pourrait y ajouter Georges CLEMENCEAU alors sénateur du Var.Un large débat a porté alors sur l’autorisation – ou l’interdiction – du port de la soutane dans l’espace public … Cette longue robe noire descendant jusqu’aux pieds portée par les prêtres est le principal signe religieux ostensible de l’époque.

Un vote des députés décidera clairement (381 voix contre 184) de cette autorisation … ainsi que des manifestations religieuses dans l’espace public. A la seule condition du respect de l’ordre public.

UN FORMIDABLE RENVERSEMENT DE SITUATION

On peut constater qu’entre 1905 et 2022 combien la situation de la laïcité vis-à-vis des extrêmes politiques est aujourd’hui complètement renversée :

  • à Droite on propose aujourd’hui d’interdire le voile islamique parfaitement autorisé dans l’espace public (seule exception si l’on cache le visage) … alors qu’en 1905 on défendait avec ardeur le port de la soutane.
  • à Gauche certains militent pour autoriser les signes ostensibles religieux dans les écoles, collèges et lycée publics (ce que la loi de de 2004 interdit) … alors qu’en 1905 on s’opposait au port de la soutane dans l’espace public.

Essai d’explication :

  • en 1905 la cible était la religion catholique.
  • en 2022 c’est bien l’islam qui, dans les deux cas, est visé.

La position laïque, elle, doit permettre de traiter à égalité toutes les opinions religieuses et de s’en tenir aux principes.

1936

En 1936 ; la loi de 1905 sera complétée par les circulaires de Jean Zay pour lutter contre la présence des crucifix, symboles de la résistance du religieux et aussi contre la propagande politique dans les établissements scolaires d’enseignement public.

2004

En 2004 La loi du 15 mars encadrant « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » … n’est qu’une reprise des circulaires de Jean ZAY abrogées par la loi JOSPIN du 10 juillet 1989 … qui (sous l’influence néfaste de Claude ALLEGRE), précisait que le droit des élèves devait être identique au droit des enfants, comme conséquence de la Convention Internationale de Droits de l’Enfant.

2021

enfin en 2021 La loi du 24 août garantissant « le respect des principes de la République »   dont quelques mesures phares de la loi ont pour objectif de lutter contre le séparatisme et les atteintes à la citoyenneté :

Ce texte,

  • combat le séparatisme présenté comme un délit,
  • encadre l’instruction en famille,
  • exige un contrat d’engagement républicain pour les associations,
  • lutte contre la haine en ligne,
  • vise à obtenir une meilleure transparence du financement des cultes …

LA LAICITE ? UN PRINCIPE UNIVERSEL

Le principe de laïcité a permis de vivre ensemble et dans la paix civile depuis de nombreuses années, il permet encore de vivre ensemble et de faire société – et pas n’importe quelle société – parce qu’il donne la primauté à la citoyenneté sur la religion et parce qu’il défend un grand nombre de libertés,

  • Aujourd’hui, certains, à Droite, utilisent la laïcité en la détournant pour s’en prendre à des citoyens et citoyennes en fonction de leurs origines ou croyances supposées.
  • D’autres, à Gauche, aimeraient donner plusieurs sens ou interprétations à la laïcité.

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Bousculé par la Droite ce qui est bien normal quand on se réfère à l’Histoire, le principe de laïcité l’est donc aussi par un courant qui se réclame de la Gauche, ce qui est complètement nouveau et qu’il convient d’analyser.

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2 – Qu’est ce que LA GAUCHE ?

L’ORIGINE DE LA GAUCHE

Il est assez facile de retrouver ses origines historiques :

Le 11 Septembre 1789 salle des Menus Plaisirs à Versailles les députés de l’Assemblée Constituante sont réunis pour voter à propos du véto accordé ou non au Roi Louis XVI.
Pour faciliter le comptage des voix, les députés favorables au droit de véto s’installent à la droite du président de séance Clermont Tonnerre, et les députés qui y sont opposés, s’asseoient à sa gauche.

Depuis ce jour, la Gauche est assimilée au parti de la République le parti de ceux qui veulent combattre l’injustice sociale par l’intervention plus ou moins forte de l’Etat … et ceci par opposition à la Droite qui défend les privilèges et le libéralisme économique. (analyse de Maurice AGULHON )

UNE GRANDE FAMILLE TRES DIVERSE

La Gauche est divisée en 4 familles distinctes et donc souvent opposées :

  • – la Gauche républicaine dont le radical socialisme est le représentant le plus typique; avant un long déclin il a connu son heure de gloire au début du XXème siècle,
  • – la Gauche socialiste d’orientation plutôt réformiste, unifiée par Jaurès en 1905 issue de la révolution industrielle et de la naissance du prolétariat,
  • – la Gauche communiste issue de la révolution léniniste, d’orientation plutôt révolutionnaire adepte un temps de la dictature du prolétariat,
  • – la Gauche gauchiste, elle-même divisée en multiples fractions du trotskisme et parfois anarchiste.

Ces 4 familles ont en commun de vouloir combattre l’injustice sociale par l’intervention publique tandis qu’être de Droite c’est plutôt défendre la tradition et le libéralisme économique.

UNE IDENTITE DE GAUCHE … MALGRE UNE HISTOIRE TUMULTUEUSE

L’Histoire de la Gauche nous montre que des combats collectifs emblématiques, mais souvent perdus, ont contribué à construire une identité de Gauche humaniste et émancipatrice : ( voir « Les Orgasmes de l’histoire »)

On peut citer :

Les révolutions de 1789 et 1848

La révolte des Canuts

La commune de Paris

Le premier mai 1886

La révolution russe de 1917

Le combat dreyfusard

Le Front Populaire

Mai 68 …

  • Etre de Gauche c’est croire au changement et à la promotion sociale.
  • Quand on est de Gauche on considère que le destin de chaque être humain n’est pas inné et sur-déterminé par ses origines sociales, son sexe ou sa couleur de peau.
  • Quand on est de Gauche on considère que le rôle de l’Etat est de réguler le marché et de favoriser la solidarité et la coopération plutôt que la compétition entre les individus.
  • Quand on est de Gauche on considère, on s’inscrit « dans la tradition des Lumières et de la lutte contre la superstition et les formes d’aliénation qui empêchent le libre arbitre et le développement du sens critique chez les individus libres et solidaires à la fois » ( Manuel BOUCHER)

LA MALADIE DE LA DIVISION

Le père des bourses du travail Fernand PELLOUTIER constatait dès la fin du 19ème siècle que « le pli ordinaire de la Gauche c’est la désunion. ». L’histoire ne l’a pas démenti.

Aujourd’hui certains estiment aujourd’hui que la notion de Gauche est devenue un concept vide. On invoque souvent et à juste titre le ralliement de la Gauche de gouvernement à la mondialisation néolibérale, à l’idéologie de marché … qui datent du « tournant de la rigueur » de 1984 sous l’influence de Jacques DELORS … parenthèse qui à ce jour n’a, à ce jour, jamais été refermée.

C’est certainement exact mais peut être insuffisant.

Car n’existe-t-il pas un autre aspect, plus idéologique, qui oppose aujourd’hui les héritiers supposés du mouvement ouvrier ?

Et quelles formes cela prend-il ?

3 – LE CLIVAGE A GAUCHE : universalistes laïques et différentialistes identitaires.

UNE NOUVELLE FRACTURE IDEOLOGIQUE

Un mouvement est apparu se réclamant de la Gauche contre la tradition des Lumières, contre le principe de laïcité contre les valeurs de la République … et au nom d’un nouvel anti-racisme prenant parfois même une forme «décoloniale».

Cela a créé un clivage nouveau dans la Gauche à côté du clivage historique Droite-Gauche.

Ainsi s’oppose la Gauche universaliste et laïque, … à la Gauche différentialiste … résolument anti laïque.

La GAUCHE UNIVERSALISTE et LAIQUE

Fidèle aux valeurs historiques de la République française, à la patrie des Lumières, de la liberté et des droits fondamentaux, ainsi qu’au principe de laïcité et à l’école publique, elle considère que le combat anti-totalitaire doit être conduit tous azimuts.

Elle considère qu’au nom du respect de la différence culturelle (qui n’est pas une valeur de Gauche) nous ne pouvons pas accepter que l’on en vienne à saper même les fondements de la laïcité voire de la République.

En particulier que l’on traite les femmes et les minorités aussi mal.

Les valeurs sont applicables sans différentiation aucune et on rejette le concept de race.

Elizabeth BADINTER dénonce « le complexe de culpabilité face à des populations symbolisant les anciens colonisés », qui aurait favorisé, dans les rangs de la Gauche, « la montée du communautarisme, cette idée que tous les rituels culturels ou religieux, y compris les plus intégristes, sont respectables et doivent être respectés. »

On peut raisonnablement penser que CONDORCET se reconnaitrait dans ce courant humaniste.

LA GAUCHE DIFFERENTIALISTE et IDENTITAIRE

Ce courant identitaire, est issu du monde anglo-saxon dont le modèle de société est appuyé sur le communautarisme.

Dans le projet communautariste, une religion unique fait la loi dans la sphère publique et si plusieurs religions doivent cohabiter, elles la fragmentent selon les volontés des communautés religieuses. La conséquence est bien que les lois menacent de ne plus être les mêmes pour tous.


Pour ses défenseurs, qui continuent à se revendiquer de la Gauche, l’analyse de classe a été remplacée par une approche ethnique à la fois caricaturale et dévastatrice.

Les minorités sexuelles ou raciales sont devenues les nouveaux damnés de la terre en lieu et place des exploités d’antan.

DIVERGENCE SUR LES DROITS DE L’HOMME

La divergence porte fondamentalement sur les Droits de l’Homme où deux conceptions s’opposent.


Les Universalistes pensent qu’ils sont universels et doivent s’appliquer à tout être humain quel que soit son origine, son ethnie, son lieu de naissance ou de résidence, son sexe, son âge, son orientation sexuelle, son statut familial …

Pour les Différentialistes, leur application est plutôt variable et il est important de prendre en compte la culture locale, la tradition, les moeurs et bien sûr la religion dominante et les préceptes et les rituels du pays où elle s’exerce.

L’EXEMPLE DU MONDIAL DE FOOTBALL AU QUATAR

Un exemple éclairant nous est donné à l’occasion de la Coupe du monde de football qui s’est déroulée au Quatar en novembre et décembre 2022.

De quoi s’agit-il ?

Cette « coupe du monde de la honte » a été critiquée pour sa gabegie écologique, pour le manque de respect des droits de l’Homme de la part des autorités (c’est un pays où l’homosexualité est illégale et passible d’une peine allant jusqu’à 7ans de prison) … sans compter les milliers de travailleurs réduits en quasi esclavage pour la construction des stades, quand ils survivent à propos desquels le « Comité Suprême Quatari » lui-même reconnait 414 décès dûs aux accidents du travail de travailleurs immigrés principalement du Bengladesh, de l’Inde et du Népal.

A tel point que 7 fédérations européennes du nord de l’Europe envisageaient de faire porter à leur capitaine un brassard « One Love » aux six couleurs encloses dans un cœur symbole de la lutte contre les discriminations en particulier sexuelles. Ce brassard avait été porté par les équipes européennes lors de la dernière coupe des Nations.

Devant les sanctions sportives évoquée, les fédérations ont fait marche arrière.

Le président INFANTINO citoyen suisse résidant au Quatar a affirmé que « tout le monde est le bienvenu quelles que soient sa religion et son orientation sexuelle », ce qui a été contesté par Humans Right Watch qui a constaté « des cas de maltraitance, des arrestations arbitraires et des passages à tabac de la police contre les homosexuels ».

Le capitaine Hugo LLORIS de l’équipe de France a expliqué qu’il « resterait dans son cadre de joueur par respect pour la culture quatarie. »

Bel exemple de tension entre les droits de l’homme et la politique inspirée par la culture religieuse locale.

Notre pays laïque a donc opté clairement pour une position différentaliste et identitaire.

Il serait temps que les exigences relatives aux droits de l’Homme fassent partie intégrante du processus de candidature et d’attribution de ces compétitions !

L’OCCIDENT est le SEUL COUPABLE

Les militants différentialistes prioritairement contre l’impérialisme américain, contre son allié israélien, et considère l’Occident en tant que tel comme le seul coupable des crimes de colonialisme et de racisme.

Vis-à-vis de l’intégrisme musulman, ils ont un positionnement, disons, « compréhensif ». 

Ils pensent que l’on doit accorder des droits particuliers à l’opprimé, au fils d’opprimé, au petit fils d’opprimé quitte à remettre en cause les principes laïques de notre République.

Historiquement l’Occident est évidemment coupable.

Il l’était déjà quand il occupait les terres lointaines et qu’il annexait la moitié du monde à ses ambitions.

Il reste coupable maintenant qu’il est en grande partie retiré … car il est vrai que ses multinationales exploitent encore les richesses.

Mais faire comme si l’Occident était le seul responsable du colonialisme, de l’esclavagisme, du pillage des ressources est réducteur.

Il est anormal de ne pas admettre l’influence grandissante des russes et des chinois en Afrique, comme d’éluder quatre siècles d’occupation de l’Espagne par les Arabes, celle de l’empire turc de la Bulgarie à la Tunisie, la domination esclavagiste, plusieurs siècles durant, de la dynastie musulmane des Abbassides au détriment de l’Afrique Noire … et ce sont eux qui ont inventé la « traite des noirs ».

Les pays qui aujourd’hui colonisent ou «esclavagisent» le plus (Pays arabes, Chine, Russie) sont ceux qui sont le moins soumis à leur critique.

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L’INFLUENCE DE LA GAUCHE AMERICAINE

Cette conception gagne du terrain.

La Gauche identitaire est sous influence d’une partie de la Gauche américaine, celle qui combat la laïcité française et préconise un modèle communautariste à l’anglo-saxonne :

– la génération Woke ; (issu de l’argot des noirs américains signifie être éveillé )

– ou Cancel culture qui se traduit par la culture de l’annulation ou de la dénonciation

– ou Intersectionnelle ce qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de discriminations  

Cette génération pourtant porteuse de valeurs a priori positives, se singularise par des excès et une haine de la Laïcité française.

Certains analystes pensent même qu’elle a favorisé par son rejet l’ascension de Donald TRUMP et la radicalisation conservatrice d’une grande partie de la société américaine..

LE RÖLE DE ROKHAYA DIALLO

Rokhaya DIALLO journaliste française et américaine bien connue, militante identitaire de premier plan, elle joue un rôle particulier en diffusant à travers ses nombreuses interventions audio-visuelles et ses articles de presse un discours empoisonné qui vise la laïcité qui n’est selon elle qu’un « racisme d’état ».

Elle écrit régulièrement dans le Washington Post qui n’hésite pas à « informer » ses lecteurs que la République française veut ficher les écoliers musulmans … au lendemain de l’assassinat de Samuel PATY d’ailleurs présenté dans cette presse américaine comme une bavure policière qui a tué en plein rue un musulman … qui est en fait l’assassin !
Elle relaie fréquemment les propos tenus par les islamistes sur Al Jazeera la TV du Quatar dont elle est proche.

Dans son souci de pluralisme, l’hebdomadaire laïque et républicain Marianne lui ouvre régulièrement ses pages depuis le départ de caroline FOUREST.

L’INFLUENCE DES MOUVEMENTS TROTSKISTES

Les mouvements trotskistes sont bien connus pour leurs stratégies d’infiltration.

Dans le cas qui nous concerne, il faut voir l’influence d’un théoricien d’origine palestinienne : Tony CLIFF (de son vrai nom Ygael GLUCKSTEIN décédé en 2000) théoricien marxiste et militant trotskiste fondateur et animateur d’un groupuscule trotskiste anglais (le SWP) traduction française « Socialistes par le bas ».

Ce courant rejoint la Gauche américaine pour condamner lui aussi la Laïcité dite à la française (au contraire de Lutte Ouvrière) pour revendiquer un autre modèle celui du multiculturalisme anglo-saxon qui s’appuie sur le communautarisme.

Le philosophe Daniel BENSAID qui fut une figure emblématique de l’extrême gauche internationaliste analysait cette évolution au début de ce siècle :

«L’heure n’est plus aux luttes de libération des années 1950 et 1960, et à leurs grandes promesses. Les leaders n’ont plus pour nom Ho Chi Minh, Guevara, Lumumba Ben Bella, Malcom X mais Ben Laden, Zarkaoui ou Mollah Omar. »

Ce fonctionnement essentialiste renvoie chacun à sa soi-disant communauté, fondée sur l’origine ethnique, sur la couleur de la peau ou sur sa religion … et tout cela un nom d’un nouvel anti racisme.

Opposés au vivre ensemble, les différentialistes contribuent ainsi à figer la partition de la population d’un pays d’abord entre les autochtones et les allochtones, puis entre blancs et non-blancs.

C’est une manière de diviser l’humanité  

L’attraction absolument folle qu’exerce la religion musulmane sur une grande partie de l’armée trotskiste et maoïste en France vient de ce qu’elle est un messianisme, une internationale, et que cette Gauche-là a tout perdu : le marxisme, la classe ouvrière, les damnés de la terre.

Il ne lui reste que l’islam comme corps massif des opprimés qu’il faut protéger et aider à tout prix … quitte à s’appuyer sur les intégristes musulmans et à accepter d’eux ce que l’on n’accepte pas des chrétiens.

LES ORIGINES POLITIQUES DE CETTE FRACTURE SELON JEAN PIERRE LE GOFF

Cette cassure dans la Gauche française qui s’appuie sur l’abandon des valeurs républicaines historiques, est donc le fruit d’influences française et anglo-saxonne mais aussi le résultat d’un choix politique.

Le philosophe et sociologue Jean Pierre LE GOFF cerne clairement la génèse de ce phénomène qu’il situe lors du premier septennat de François MITTERRAND :

Pour Jean Pierre LE GOFF, à partir du moment en 1983 où la Gauche n’est plus la Gauche, puisqu’elle se rallie au libéralisme économique et à la mondialisation, il faut trouver un nouveau clivage en portant le débat sur les enjeux sociétaux et en instrumentalisant un certain nombre de communautés et d’individus pour évoluer vers une société multiculturelle.

Le discours est le suivant : la Droite est réactionnaire elle s’oppose à, l’IVG, la GPA, à la PMA, à l’euthanasie. Elle est aussi raciste, xénophobe voire fasciste … et le tour est joué.

Il fallait que cette machine de guerre idéologique rende possible des nouvelles victoires électorales. Ce fut le cas… temporairement mais avec la montée du Front National.

On rompt ainsi avec la tradition républicaine. Le communautarisme et le principe racial sont introduits alors qu’ils devraient être combattus. Le Cosmopolitisme devient un modèle de substitution aux principes républicains.

L’antiracisme est devenu une idéologie de substitution à l’ancien messianisme révolutionnaire, il s’agit de permettre l’avènement non plus du communisme mais du communautarisme.

En lisant Verbatim de Jacques ATTALI on a la confirmation que cet antiracisme nouvelle génération est né dans les années 80, avec SOS RACISME, dirigé par d’anciens trotskistes (Harlem DESIR Julien DRAY), piloté depuis l’Elysée par Jean Louis BIANCO, financé par Pierre BERGE et cautionné par Yves MONTAND, Simone SIGNORET et COLUCHE.

(Notons que depuis, SOS Racisme a évolué nationalement vers une laïcité insoupçonnable … au point de devenir la cible des anti-laïques « décoloniaux ».)

Les ouvriers ne sont plus le moteur de l’Histoire mais ce sont les immigrés qui le deviennent.

Cela sera théorisé dès 2010 par le Think Tank Terra Nova qui dans une note recommande au PS, (avec le succès que l’on sait) de ne plus se soucier du prolétariat, des ouvriers, des pauvres, des gens modestes, qui soit s’abstiennent, soit votent FN … ils sont perdus pour la Gauche, mais de se préoccuper prioritairement des minorités sexuelles et ethniques.

Il n’est point besoin d’analyse plus approfondie pour constater aujourd’hui le résultat catastrophique pour le PS et la Gauche de cette orientation

UNE CONCEPTION PARTICULIERE DU BLASPHEME

Si la Gauche différentialiste se présente comme défenseur d’un nouvel antiracisme, pour Manuel BOUCHER (La Gauche et la race), cette Gauche est plutôt devenue « malade de la race ».

Qui dit blasphème dit caricatures. Dans les caricatures de Charlie on aurait le droit de se moquer du christianisme (de Jésus sur la croix qui glisse sur la croix en disant il me « manque un clou ») mais le moindre dessin de Mahomet est considéré comme un acte raciste.

Il y a là un dérapage sémantique : comment la critique d’une religion peut-elle être assimilée à un acte raciste ?

En quoi les religions universelles sont-t-elles des « races » ?

UNE CONCEPTION PARTICULIERE DE L’ISLAMOPHOBIE

Manuel BOUCHER dans le même ouvrage cite le linguiste réputé aujourd’hui disparu Alain REY, qui revenant sur les origines du mot, précise que l’islamophobie » c’est la phobie de l’Islam et non celle des musulmans … sinon il serait plus exact de parler de musulmanophobie pour exprimer la peur des musulmans.

Pour revenir à l’origine, en grec de la phobie Alain REY précise que n’est pas la haine mais la fuite à cause de la peur.

Depuis le suffixe grec a été dévoyé de son sens originel pour devenir synonyme d’hostilité sociale. Le premier à utiliser un mot en phobie au 19ème siècle fut le contre révolutionnaire Joseph de MAISTRE ennemi des philosophes des Lumières qu’il qualifiait alors de «théophobes ».

L’expression islamophobe été inventée vers 1901 dans un contexte colonial puis remise au jour lors de la radicalisation des musulmans chiites en IRAN dans les années 1980.

LE POINT DE VUE D’HENRI PENA RUIZ

Aux universités d’été de la France Insoumise à Toulouse le 26 août 2019, la violence du débat entre Henri PENA RUIZ et Danielle OBONO à propos de ce mot tabou pour l’un, emblème pour l’autre … a bien montré la fracture profonde qui oppose les deux tendances de la Gauche sur la question laïque.

Et ce, parfois, dans le même parti politique.

Henri PENA RUIZ philosophe de la laïcité qui a soutenu alternativement Jean Luc MELENCHON et Fabien ROUSSEL nous propose une clarification :

«Il n’est pas raciste de s’en prendre à une religion, mais il est raciste de s’en prendre à une personne du fait de sa religion.

Le racisme, et ne dévions jamais de cette définition sinon nous affaiblirons la lutte antiraciste, le racisme c’est la mise en cause d’un peuple ou d’un homme ou d’une femme comme tel.

Le racisme antimusulman est un délit.

La critique de l’islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en est pas un.

On a le droit d’être athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être cathophobe.

En revanche, on n’a pas le droit d’être homophobe, pourquoi ? Parce que le rejet des homosexuels vise les personnes.

On rejette des gens pour ce qu’ils sont, et là on n’a pas le droit de le faire. Le rejet ne peut porter que sur ce qu’on fait et non pas sur ce qu’on est.»

(Interview CHECKNEWS août 2019)

4 – L’EVOLUTION du MOUVEMENT « BEUR » De l’antiracisme universaliste à sa réislamisation

LE MOUVEMENT « BEUR »

Il est issu des marches anti-racistes des années 1980.

La Marche de 1983 était partie de Marseille dans l’indifférence des médias.

Le gouvernement et le parti socialiste décidèrent d’apporter un soutien appuyé à la Marche, vue comme un symbole du rejet du racisme en France.

A son départ, elle affichait ses objectifs sur la banderole de front : « Marche pour l’Égalité et contre le Racisme » slogans très laïques. A l’arrivée elle proclamait « Le droit à la différence » ce qui était beaucoup moins laïque.

Au lieu d’insister sur ce qui rapproche les individus, on insiste maintenant sur ce qui les différencie.

Un événement se produisit un peu plus de deux semaines avant son arrivée à Paris, qui projeta la Marche sur le devant de la scène médiatique : la défenestration d’un jeune « beur » du train Bordeaux-Vintimille par des jeunes militaires français, qui souleva une vague d’indignation dans toute la France.

Une délégation rencontra le président de la République François Mitterrand qui promet alors une carte de séjour et de travail valable pour dix ans et une loi contre les crimes antiracistes et un projet loi sur le vote des étrangers aux élections locales.

Sollicités, récupérés, les leaders du « mouvement beur » vont s’entre-déchirer, après le défilé des 100 000 manifestants à Paris.

Une des analyses faites sur la cause de cet échec est justement le fait d’avoir laissé la Marche devenir un symbole de l’anti-racisme, au détriment de l’affirmation du principe d’égalité.

Cela ouvrait la porte à la récupération, en particulier par les forces politiques au pouvoir.

Mainmise du gouvernement socialiste et du PS sur le mouvement beur : création de SOS Racisme par Jean Louis BIANCO alors secrétaire général de l’Elysée … sur une idée de Jacques ATTALI avec Julien DRAY et Harlem DESIR.

Ils ont bénéficié du soutien des chrétiens anti-coloniaux: le curé des Minguettes : Christian DELORME prêtre catholique à Vénissieux et le pasteur protestant : Jean COSTIL de la CIMADE

UNE CASSURE A l’APPROCHE DES ANNEES 2000

La cassure s’opère entre :

D’une part les leaders intégrés aux partis politiques institutionnels : Malek BOUTIH, Fadela AMARA, Arezki DAHMANI, fidèles aux principes de la République Laïque,

Et d’’autre part les leaders qui soutiennent ce choix de la pratique salafiste de l’Islam: Farida BELGHOUL (convergence 84) Saïd BOUAMAMA (FUIQP Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires 🙂 Abdelaziz CHAAMBI et Yamin MAKRI (UJM : Union des Jeunes Musulmans) Youssef BOUSSOUMAH (CCIPPP : Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien) Houria BOUTELDJA (les Blédardes) Sadri KHIARI (Raid ATTAC Tunisie) …

Cela se traduit concrètement et de manière subite sur le terrain par l’apparition d’écoles musulmanes, de commerces hallal, de librairies islamistes, de la revendication du voile pour les femmes, des exigences sur le lieu de travail ….

Dans son ouvrage « Les territoires conquis de l’Islamisme » Bruno ROUGIER démontre avec force qu’en exploitant la crise socio-économique « des entrepreneurs religieux ont organisé la prise de contrôle des segments les plus vulnérables du tissu social pour imposer leur conception de l’Islam en prétendant parler en leur nom ».

Ainsi « ces réseaux militants ont transformé les ghettos urbains en enclaves à tonalité islamiste en rupture avec la société française ».

Sont visées, la République, la démocratie, le modèle de citoyenneté, les droits de l’Homme et laïcité. Enfin toute la philosophie des Lumières.

Tout cela sous l’influence d’anciens militants du GIA (Groupe Islamique Armé) et du FIS (Front Islamique du Salut) exilés en France après la décennie noire qui fit des centaines de milliers de morts en Algérie.

Paris, Toulouse, Roubaix, Lyon en furent des lieux d’expérience reconnus.

LE TRAVAIL DU TABLIGH et de l’UOIF

On peut noter aussi l’influence du Tabligh qui fait transformer les locaux des « beurs marcheurs » en mosquées. Le Tabligh, selon Gilles KEPEL signifie en arabe “la propagation de la foi”.

C’est aujourd’hui le mouvement islamique le plus important dans le monde.

Il a pour objectif la réislamisation des individus, à la base, par l’imitation très stricte des enseignements et des agissements du Prophète Mahomet.

Ce mouvement n’a pas voulu s’emparer du pouvoir politique, contrairement aux Frères musulmans et à la mouvance islamiste qui s’en réclame. Il ne cherche pas à rentrer dans des partis ou recourir à l’action politique violente … a priori.

Mais il cherche à créer une rupture à la base, avec les mœurs et les coutumes de la société ambiante qui n’est pas musulmane ou, quand elle l’est, ne l’est jamais assez selon eux.

C’est, avec les salafistes, le mouvement qui est le plus visible puisque leurs membres se laissent généralement pousser la barbe, portent les longs manteaux, tandis que les femmes revêtent préférablement le niqab (voile intégral cachant le visage).

Le mouvement frériste qui ne reste pas inactif:

Avec la création de l’UOIF : Union des Organisations Islamiques de France (devenue aujourd’hui Musulmans de France), la France est devenue un terrain privilégié de conquête et d’implantation.

Au rassemblement annuel de l’UOIF en 1990 l’orateur vedette est Rached Al-GHANNOUCHI responsable politique tunisien chef d’Ennahdha, organisation islamiste anciennement liée au Khoménisme révolutionnaire. Il développe l’idée que la jeunesse musulmane française est trop « francisée et désislamisée ».

Ainsi on verra se créer l’UJM (Union des Jeunes Musulmans) qui servira de tribune à Tariq RAMADAN qui par son charisme et ses conférences va mettre sa version de l’islam à la portée des jeunes des quartiers.

Mais ces adversaires résolus de la République Laïque vont trouver dans le camp de la Gauche des alliés un peu inattendus.

5- LA DERIVE DECOLONIALE

LE MOUVEMENT DECOLONIAL FRANÇAIS SOUS INFLUENCE AMERICAINE

Décolonial : quelle définition ? Le Larousse nous précise que les études décoloniales sont « un courant de pensée qui postule que des rapports de domination subsistent entre l’Occident et ses anciennes colonies, des décennies après leur indépendance. » 

Le mouvement décolonial français s’appuie sur des concepts forgés par des universitaires aux Etats Unis comme le wokisme (qui signifie être éveillé), la cancel culture (culture de l’annulation du boycott) et l’intersectionnalité qui concerne les personnes souffrant de plusieurs discriminations.

On pourrait apprécier les combats ainsi menés mais ils tombent toujours dans l’excès … comme la thèse selon laquelle les personnes blanches bénéficieraient sans s’en rendre compte dans les pays occidentaux  d’un « ensemble invisible d’avantages non mérités »

On n’est pas loin d’une racisme anti-blanc.

Ces chercheurs, et d’autres, s’appuient sur ce qu’ils appellent la « french theory » que représentent les travaux de Michel FOUCAULT, Jacques DERRIDA ou Gilles DELEUZE. En France évoque plutôt la « sociologie post-structuraliste » .

Michel FOUCAULT et KHOMEINY

  Retour en 1979 : une révolution ébranle l’Iran, renversant le Shah après presque quarante ans de règne.

Foucault, « journaliste » occasionnel du quotidien italien Corriere della Sera,  couvre le soulèvement populaire iranien contre le régime de Mohammad Reza Chah.

De septembre à décembre 1978, sous sa plume neuf reportages encensent le régime des mollahs.

FOUCAULT voit alors dans le nouveau régime la possibilité de voir émerger un régime indépendant, anti-colonialiste et anti-impérialiste, symbole du progrès, dans la continuité du mouvement révolutionnaire des années 50 en Algérie.

Et c’est dans ce contexte qu’il a fait partie de ces intellectuels venus le rencontrer, à Neauphle-le-Château, cette commune des Yvelines dans laquelle le révolutionnaire s’était réfugié, contraint à quitter l’Irak après 14 ans d’exil.


43 ans plus tard FOUCAULT n’est plus là, mais on peut faire triste constat que l’Iran n’est plus à la fête : la situation n’a depuis pas cessé d’empirer : avec l’assassinat systématique des opposants, la crise des otages américains jusqu’à la crise actuelle, en passant par la course au nucléaire militaire, au soutien du régime d’ASSAD en Syrie, et à l’interne une dictature implacable qui réprime toutes les femmes qui réclament leur liberté et les intellectuels iraniens.


LES RETOMBEES EN FRANCE :

Le travail des chercheurs américains trouve un écho dans notre pays à la faveur d’un contexte politique et social qui est traversé par les questions de racisme et de violences urbaines. On voit ainsi apparaître à partir de 2005 des débats sur la mémoire coloniale.

Au cœur de cette mutation, une Gauche « culturelle » mobilisée sur les questions d’évolution des mœurs, d’écologie, de féminisme et de migrations … veut supplanter la Gauche « populaire et sociale ».

Pour cette nouvelle Gauche, la priorité ce n’est plus l’égalité liée aux droits sociaux et à la lutte des classes mais bien la reconnaissance de la différence et des particularismes associés aux revendications communautaristes.

Cette Gauche ne parle plus au nom du prolétariat mais au nom des mémoires et des traditions ethno-raciales ou sexuelles.

Pendant ce temps, l’abandon de la fonction tribunicienne occupée autrefois par la Gauche en particulier le PCF, est aujourd’hui habilement disputée par l’extrême droite.


UN EXEMPLE FRAPPANT : LE PHENOMENE FEMINISTE

Les mouvements féministes contemporains se réclament tous de la lutte pour l’égalité entre femmes et hommes.

Mais ils sont antagoniques sur l’analyse et les moyens pour y parvenir.

Le mouvement féministe connait lui aussi deux expressions: d’un côté le courant historique, universaliste et laïques de l’autre celui que Françoise VERGES appelle le féminisme décolonial.

La féministe américaine Kate MILLETT décédée eu 2017 devenue célèbre en 1970 lorsqu’elle a publié « La politique du mâle » a longtemps servi de référence à tous les théoriciens des mouvements féministes.

Elle défilait à Téhéran le 8 mars 1979 lors de la première journée internationale du droit des femmes quand elle a subi les attaques de la police des mœurs du régime islamiste qui hurlaient (déjà !) « le foulard ou la râclée ». A cette époque tous les féministes du monde étaient unies pour répondre aux femmes iraniennes qui les suppliaient « Ne nous laissez pas seules avec les Mollahs ! »

C’était avant les dégâts qu’ont causés la Gauche américaine, les différentialistes, les wokes, les intersectionnalistes, les décoloniaux …

Quelle est donc l’attitude de ces féministes décoloniales aujourd’hui ?

Elles accusent carrément les femmes universalistes et laïques d’être « complices de la domination blanche. »

Dans leur livre « Les féministes blanches et l’empire. Race et capitalisme », Félix Boggio Éwanjé-Épée et Stella Magliani-Belkacem, que l’on peut classer proches des Indigènes de la République, soutiennent cette thèse.

Leur point de vue est de considérer le refus du voile islamique comme la marque d’un ralliement à « une entreprise colonialiste et raciste ». Ainsi la solidarité des femmes occidentales avec leurs sœurs en terre d’Islam masquerait « un état d’esprit condescendant voire raciste » .

Cela rejoint le discours des mollahs iraniens pour qui le féminisme est « une perversion occidentale et une idéologie au service de l’impérialisme américain ». Ceux qui refusent le voile obligatoire ne peuvent être que « des traitres, des espions, des agents contre-révolutionnaires,»

 

En France, le slogan féministe « mon corps m’appartient » lui-même est contesté.
La figure de proue décoloniale française Houria BOUTELDJA va jusqu’à écrire « 
Mon corps ne m’appartient pas » elle conteste «un mot d’ordre conçu par et pour des féministes blanches » « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’Islam. » Extraits de « Les Blancs , les Juifs et nous »  

Il est vrai que son « héros » était  l’ex président iranien Mahmoud AHMADINEDJAB .

Houria BOUTEJDJA mérite d‘être mieux connue.

5- LE PI.R. LA NON-MIXITE, Houria BOUTELDJA

Quand on pense aux identitaires décoloniaux , on pense irrésistiblement à Houria BOUTELDJA et AU P.I.R. (Parti des Indigènes de la République) et à leur pratique de non mixité.
De qui et de quoi s’agit-il ?

DU M.I.R. AU P.I.R.

Les Indigènes de la République se constituent d’abord en association, (le MIR : Mouvement des Indigènes de la République) et enfin en 2005 en parti politique (le PIR : Parti des Indigènes de la République).

Il se définissent comme antiracistes et décoloniaux, estimant que dans notre pays, les discriminations raciales sont liées au « continuum colonial » … et ne sont qu’une continuité historique entre les colonisations européennes et les politiques actuelles de nos gouvernements.

Certains à Gauche les considèrent au contraire comme antisémites, identitaires, homophobes, racialistes voire racistes et certainement anti-laïques..

A vous de juger !

LE CONTENU DE L’APPEL du P.I.R. (janvier 2005)

Son manifeste est très éclairant et sert de fondement à toute la démarche décoloniale .

  1. La France a été un état colonial
  2. La France reste un été colonial
  3. Le traitement des populations issues de la colonisation prolonge la politique coloniale
  4. Une offensive politique réactionnaire se camoufle sous les drapeaux de la laïcité, de la citoyenneté et du féminisme pour dénoncer les populations africaine, maghrébine ou musulmane comme la cinquième colonne d’une nouvelle barbarie qui menacerait l’occident.
  5. C’est une imposture que d’attribuer à le seule extrême droite le monopole de l’imaginaire colonial et raciste.
  6. L’intégrisme n’est qu’un vocable jamais bien défini.

CONCLUSION : il faut « poursuivre le combat anti-colonial pour décoloniser la République ».

Parmi les discriminations que veut dénoncer cet appel, on trouve les lois laïques en particulier celle sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises de 2004, qualifiée de « loi d’exception, sexiste et raciste aux relents coloniaux »

Beaucoup d’intellectuels et historiens du colonialisme contestent ce manifeste Ils soulignent les liens de certains des premiers signataires avec des islamistes et antisémites. … mais d’autres le soutiennent.

 Tariq RAMADAN signe l’appel un mois après sa publication, ce qui provoque une levée de boucliers. 

Clémentine AUTAIN pourtant d’accord sur le fond … refuse de se trouver à ses côtés, retire alors sa signature, en expliquant : « Pour le public, le texte est devenu celui de Ramadan. »

Pascal BLANCHARD , historien indigéniste proche du président MACRON considère que ce texte « a le grand mérite de rappeler, fût-ce sur un mode provocateur, que la  culture coloniale est toujours à l’œuvre en France aujourd’hui. »

LES ACTIONS DU P.I.R.

Le PIR développe plusieurs types d’actions :

1°) un site internet qui lui assure une présence active sur les réseaux sociaux.

2°) des interventions dans les médias avec la présence fréquente d’Houria BOUTELDJA … qui fut longtemps appréciée comme une spécialiste du buzz et de la provocation en particulier dans l’émission télévisée de Dominique TADDEI « Ce soir ou jamais ».

3°) l’action dans les Universités

Pour le militant laïc et féministe Naëm BESTANDJI, « leur objectif n’est pas de lutter contre le racisme. Il est de se servir des recherches universitaires, et d’investir l’Université pour se donner une légitimité académique, afin de lutter contre la République et ses valeurs. »

4°) l’entrisme politique

En 2016, Claude BARTOLONE  ( ancien président de l’Assemblée Nationale PS) en Ile-de-France et singulièrement en Seine Saint Denis, recrute sur ses listes aux élections régionales « des candidats proches des Indigènes de la République ». Après l’échec de sa candidature et son retrait de la vie politique, c’est la France Insoumise qui a pris le relais.

Lors des élections municipales de 2020, le PIR soutient plusieurs candidats, parmi lesquels  Hadama Traoré à Aulnay-sous-Bois ou Samy Debah à Garges-lès-Gonesse.

UNE LOGIQUE D’AUTO APARTHEID

– Les militants du P.I.R. reprennent les thèmes de mobilisation classiques de l’extrême gauche – dénonciation des violences policières et du racisme d’État, lutte contre l’islamophobie, antisionisme …

– Il s’agit de diviser, d’essentialiser l’humanité entre le bourreau, l’homme blanc, colonialiste, esclavagiste, impérialiste … et la victime, le « racisé » qui disposerait d’un statut qui lui reconnaitrait tous les droits et dont on excuse par avance tous les agissements même les plus extrêmes.

Avec eux, MOBUTU, BONGO, MANDELA, LUTHER KING sont dans le même camp parce que noirs.

Avec eux, BADINTER, Gisèle HALIMI, TRUMP et Le PEN sont aussi dans le même camp parce que blancs.

LA NON MIXITE

– La mixité n’est pas une valeur historique de la République française. Il a fallu attendre 1975 et la réforme HABY pour qu’elle soit imposée à l’école. L’instruction commune des garçons et des filles ne faisait pas partie d l’idéal révolutionnaire de 1789, malgré les appels de CONDORCET à « la réunion des deux sexes sur les bancs de l’école »

C’est par contre une valeur portée par l’Education Populaire, une victoire contre les séparations (hommes / femmes, pauvres / riches, ruraux / urbains, jeunes / anciens …) pour le droit de former des couples mixtes … ce que tous les intégristes refusent et combattent fondamentalement.

Les identitaristes décoloniaux veulent que la non mixité soit reconnue comme un droit, en font la promotion et la mettent en pratique à travers des activités séparées entre blancs et non-blancs à travers des « camps décoloniaux » et des « réunions interdites aux blancs ».

Ces réunions « en non mixité » consistent à permettre à des gens partageant une même expérience (qu’ils nomment « racisés »), de parler sans être réduits au silence par ceux qui pourraient nier leur statut de victime.

Bref, « racisé » (terme tout juste entré dans le dictionnaire) devient un équivalent de « non blanc ». C’est une identité figée, une assignation dans la bouche même de ceux qui l’emploient. D’autant plus que le racisme quand il est exercé par un « racisé » n’est pas considéré comme du racisme puisque n’étant pas « systémique ».

Le 4 mai 2016 MEDIAPART accueille une pétition qui demande que « la non mixité soit reconnue comme un droit », qui revendique « la promotion d’activités séparées entre blancs et non-blancs » et qui dénonce la République française qui nierait « les formes contemporaines de racisme et d’oppression post-coloniales »

La ministre de l’Education de l’époque Najat VALLAUD BELKACEM dénonçait à l’Assemblée Nationale : « des initiatives inacceptables, en ce qu’elles confortent une vision racisée et raciste de la société » et qui ne peuvent que déboucher sur du « repli sur soi, la division communautaire et le chacun chez soi ».

Les défenseurs (SUD Education pour son camp décolonial ) de ces réunions en non-mixité argumentent : « Elles ont vocation à organiser des espaces de paroles entre personnes subissant les mêmes oppressions spécifiques – racisme, sexisme, LGBTIphobie…- pour qu’elles puissent élaborer leurs revendications et échanger sur leur vécu ». Poursuivis en justice elles n’ont à ce jour pas été interdites.

Toutefois, si le regroupent des individus par intérêt pour défendre leur point de vue est logique et légitime, aller jusqu’à en faire un principe c’est prendre le risque de promouvoir une idéologie de la séparation qui est commune aux divers apartheids qu’ils soient raciaux, sociaux ou sexuels.
C’est aller vers un identitarisme qui désigne les individus par leur couleur ou leur généalogie.
C’est aller vers un essentialisme qui enferme les personnes.

C’est encourager l’idée de l’existence des races et de leur inégalité.
C’est encourager aussi la pulsion de rejet des altérités.

C’est cliver la société à l’image des sociétés communautaristes anglo-saxonnes.

Le PIR qui soutient ses initiatives est aussi très connu à travers les provocations de son leader Houria BOUTELDJA.

HOURIA BOUTELDJA

Pierre André TAGUIEFF dans son livre « la nouvelle judéophobie » brosse d’elle un portrait non complaisant : « c’est une prêcheuse de haine et l’incarnation de l’islamo-gauchisme ». Précisions que c’est bien lui qui fit entrer ce terme dans l’actualité et non l’extrême droite qui ne fit que le reprendre à son compte.

Elle est devenue «la face visible et audible du P.I.R. … une femme à la parole facile au ton péremptoire sur tous les sujets et aux attitudes arrogantes, voire agressives ». Elle s’est singularisée par « sa forte médiatisation télévisuelle grâce à certaines émissions faisant la part belle aux représentants de divers courants du néo-gauchisme culturel pour y jouer un rôle de provocateur capable de faire scandale »

En 2004 Houria BOUTELDJA fonde l’association « Les Blédardes » qui se positionne clairement contre la loi qui interdit les signes religieux ostensibles dans les établissements publics d’enseignement … et s’oppose violemment au mouvement « Ni Putes Ni Soumises ».

A partir de là, elle noue des liens étroits avec Ramon GROSFOGUEL sociologue rattaché à l’université de BERKELEY leader du mouvement décolonial américain, qui l’invite à plusieurs reprises lors des nombreux colloques sur l’islamophobie en France et la laïcité  perçue comme un élément du colonialisme d’état.

Depuis, fonctionnaire de la République française salariée de l’institut du monde arabe y bénéficie de la protection bienveillante de son directeur … Jack LANG et continue de polémique en polémique.

En Octobre 2015 Houria BOUTELDJA est co-organisatrice de la « marche pour la dignité » qui s’inspire des luttes des organisations combattant pour le respect des droits civiques. De type Black Lives Matter.

Pour les organisateurs de cette marche « il est essentiel de s’organiser sur des bases identitaires, celles des « non-blancs » : noirs, arabes, musulmans roms – pour construire une auto-défense face à l’Etat et à ses représentants, en particulier la police, considérés comme structurellement racistes »

En 2016 dans son livre « Les Blancs ; les Juifs et Nous » elle résume son action en affirmant que son parti est « composé de cafards qui n’ont aucun complexe vis-à-vis du génocide nazi… de milliers de bicots qui échappent à tout le dispositif moral qui encadre la bien-pensance blanche et qui balise le chemin de la Gauche molle » son objectif étant de favoriser « l’émergence du corps politique indigène.»

Sur ce qu’elle appelle « l’amour révolutionnaire » on peut citer : « le corps des femmes est une sorte de champ de bataille » qu’elles doivent sacrifier pour «protéger les hommes indigènes » ce qui peut aller jusqu’à « ne pas  porter plainte contre un homme indigène qui s’est rendu coupable de viol  » Elle se justifie en affirmant ne pas pouvoir « supporter de voir un homme noir en prison ».

Sur l’homosexualité, on peut citer encore: « Comme chacun sait, la tarlouze n’est pas tout à fait un homme. Ainsi, l’Arabe qui perd sa puissance virile n’est plus un homme . »

On s’arrêtera là pour ne pas arriver à la nausée …

7 – Marwan MUHAMMAD un nouveau Tariq RAMADAN ?

LES FRERES MUSULMANS

Le Mouvement des Frères Musulmans est une organisation fondamentaliste fondée en 1928 en Egypte par Hassan Al Banna jeune instituteur et basée sur 5 commandements :

  1. Dieu est notre but
  2. Le prophète est notre modèle
  3. Le Coran est notre loi
  4. Le jihad est notre vie
  5. La martyre est notre vœu

Chassée d’Egypte par le colonel NASSER cette organisation qui a assassiné le Président SADATE y est considérée comme une organisation terroriste. Depuis elle s’est installée dans d’autres pays et la France n’y fait pas exception. Elle a pu s’y installer, protégée qu’elle est par la laïcité républicaine.

Mais qui est Marwan MUHAMMAD ?

Marwan MUHAMMAD est une des figures françaises les plus connues de la confrérie des Frères Musulmans. UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) renommés « Musulmans de France » en 2017.

On peut le considérer comme la « coqueluche » d’une certaine Gauche, « celle des militants indigénistes et décoloniaux avec qui il a noué une amitié et une complicité certaines ».

Dans les médias, il est souvent présenté souvent comme un simple « spécialiste de l’islam » : il est le « porte-voix combatif des musulmans » nous dit Le MONDE . LIBERATION le qualifie « d’activiste de gauche », qui aurait l’habitude de lancer des « jolis et intéressants – pavés dans la mare . »

Né à Paris en 1978, il est le fils de parents immigrés. Ses origines sociales modestes ne l’ont pas empêché de conduire de brillantes études scientifiques et d’être diplômé ingénieur en mathématiques financières en 2003.

Il devient le porte-parole en 2010 du Collectif Contre l’islamophobie en France (CCIF), association dissoute en 2021 par le Gouvernement pour avoir contribué à l’assassinat du professeur Samuel PATY.
Entre 2010 et 2017, il sillonne la France pour y donner des conférences du CCIF sur son thème de prédilection : « l’islamophobie ».

Dès 2015 il a scellé l’alliance avec Houria BOUTELDJA porte-parole du PIR.

Un an plus tard, il participera au décrié camp d’été décolonial, dont certains ateliers étaient interdits aux blancs.

QUELQUES AUTRES FAITS D’ARMES (« jolis et intéressants » comme le dit le Monde)

En août 2013, à la mosquée du Bourget, Marwan Muhammad s’affiche aux côtés de Nader Abou Anas.

Cet imam salafiste est connu pour ses positions anti féministes : « La femme ne sort de chez elle qu’avec la permission de son mari (…), qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable ». Dans ses prêches, il invite les femmes à « rester discrètes » et à porter le hijab, les hommes étant « trop faibles » pour leur résister. (MARIANNE 23-05 2018)

Le même mois, à la mosquée d’Orly, Marwan MUHAMMAD déclare  (citation d’Elizabeth SCHEMLA longtemps journaliste au Nouvel Observateur dans son livre, « Islam, l’épreuve française) :

 « Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française ».

Eric Zemmour et Les théoriciens du Grand remplacement ont dû apprécier de trouver un tel allié !.

Il a pris en quelque sorte la relève de Tariq RAMADAN depuis que celui-ci est mis en examen pour viols. Le 16 novembre 2016, Tariq Ramadan écrivait sur sa page Facebook : « Voir apparaître aujourd’hui une relève de la qualité de mes jeunes frères Mohamed Bajrafil (imam d’Ivry-sur-Seine, ) et Marwan MUHAMMAD, est juste apaisant, réconfortant et énergisant ».

Marwan MUHAMMAD a cosigné la tribune publiée sur Mediapart appelant à la remise en liberté du prédicateur en dénonçant une prétendue « inégalité de traitement ». En somme, l’incarcération de Tariq Ramadan ne serait qu’une nouvelle manifestation d’«islamophobie ».

Il n’hésite pas à faire le parallèle avec la période où l’on stigmatisait les Juifs au début du siècle dernier ». Le parallèle entre « l’Allemagne des années 30 » et « la France des années 2010 » est récurrent chez lui, qui n’hésite pas à présenter l’image apocalyptique de la France comme un pays où « on mitraille des mosquées » et où « on viole des femmes le jour de l’Aïd »

En juillet 2021 il s’est illustré en direct à la télévision publique turque en alignant un grand nombre de mensonges quant à la situation des musulmans en France.

Florilège : Pendant les fêtes de l’Aïd-el-Kébir, le gouvernement français a « envoyé la police partout, par les routes, afin de surveiller les communautés musulmanes de France ». L’objectif : « voir s’ils sacrifiaient des moutons, s’ils célébraient l’Aïd, ou voir comment ils s’organisaient. »  « Aujourd’hui en France, le simple fait de pratiquer sa religion est une source de stigmatisation, c’est criminalisé », affirme-t-il sans la moindre gêne.

Ces délires ont été rapportés en direct à la télévision publique turque, le samedi 24 juillet, à grand renfort d’emphases dramatiques.

Selon lui la République laïque française est donc le pire régime qui oppresse et martyrise les musulmans.

En Chine les Ouigours persécutés par le régime chinois dans des camps de travail !

En Inde où le premier ministre MODI enlève aux musulmans leur droit à la nationalité !

En Birmanie où l’on assiste à une politique d’extermination des musulmans Rohingas !

Tout cela est peu important à ses yeux il vaut mieux combattre la laïcité française.

QUAND LES EXTREMES SE REJOIGNENT

Dans leur rhétorique comme dans leurs actions, les décoloniaux d’aujourd’hui sont bien plus éloignés de Toussaint LOUVERTURE, d’Aimé CESAIRE, de Nelson MANDELA … que de ceux qui les combattaient.

lls partagent même avec l’extrême droite la plus raciste, outre un antisémitisme toujours fédérateur, la même haine vis-à-vis de l’universalisme, trop blanc pour les uns, trop cosmopolite pour les autres mais surtout trop libérateur, trop laïque pour tous les deux.

8 – RACISES ou UNIVERSALISTES ?

L’UNIVERSALISME  ? UN TRUC DE BLANCS ! 

L’universalisme c’est « un truc de blancs. » Cette thèse soutenue par les militants décoloniaux et une partie non négligeable de la Gauche est, si on la prend au pied de la lettre difficilement contestable sur un plan historique.

Il est vrai que l’Europe du 17ème siècle était très majoritairement blanche … et il n’y avait pas beaucoup de racisés parmi les penseurs des Lumières qui affirmaient que l’espèce humaine est une et que les droits politiques et sociaux doivent s’appliquer à tous, quels que soient le sexe, l’ethnie, l’origine, la culture ou la religion.

.Les Lumières ont puisé dans la Renaissance, qui s’est elle-même nourrie des textes d’un philosophe arabe et africain du 12ème siècle : AVERROES.

Eradiquer l’apport des Lumières dans l’histoire humaine, c’est un triste objectif qui ne peut être considéré comme relevant des combats de la Gauche.

Sans l’universalisme issu des Lumières :

  • Pas d’abolition de l’esclavage
  • Pas droits civiques
  • Pas de décolonisation
  • Pas de féminismes
  • Pas de République
  • Pas de droits de l’Homme et du Citoyen
  • Pas de liberté de conscience
  • Pas de liberté de religion

 

Sans l’universalisme des Lumières le mot « décolonial » n’existerait sans doute pas, et Houria BOUTELDLA, Marwan MOHAMMAD , et Rokhaya DIALLO seraient contraints à la clandestinité plutôt que de parader et défendre leurs thèses nauséabondes sur les tous les médias.

Cette obsession de la couleur de la peau est heureusement contre balancée par les travaux et réflexions de Rachel KHAN de Fatou DIOME et de Tania de MONTAIGNE … trois universalistes qu’il considèrent pourtant comme « racisées ». 
Voici ce qu’elles défendent.

RACHEL KHAN ; UNE METISSE UNIVERSALISTE

Rachel KHAN actrice et écrivaine de mère polonaise juive et catholique et de père sénégalais de confession musulmane, refuse toute assignation identitaire . Dans son essai « Racée » elle fustige les idéologie victimaires et développe un plaidoyer universaliste.

Elle revendique le droit de « s’autodéterminer autrement qu’en racisé ou blanc. » « Moi qui suis métisse, ça veut dire quoi la non-mixité ? Les gens comme moi ils vont où ? On n’est pas beaucoup à être afro-yiddish ! Je suis pour une identité-liberté et non une identité de l’identique. »

FATOU DIOME, BI-NATIONALE et HUMANISTE

Originaire du sud du Sénégal, elle se dit « enfant illégitime née hors mariage d’un amour d’adolescent » et se bat pour un humanisme intégral dont fait partie le féminisme . Dans son livre« Marianne face aux faussaires » elle dessine « une France ouverte, laïque, lucide et généreuse, celle qui lui donne envie de se sentir française et sénégalaise ».

Vivant en France depuis 1994, française depuis 2002, elle constate que « l’évolution du discours politique n’a cessé de dériver, jusqu’à la cristallisation actuelle autour de l’identité » et « renvoie dos à dos les identitaires étriqués et les opportunistes victimaires, qui monopolisent le débat politique ».

Pour Fatou DIOME « la rengaine sur la colonisation et l’esclavage, est devenue un fonds de commerce et si ce sont indéniablement des crimes contre l’Humanité, il faut aujourd’hui pacifier les mémoires, faire la paix avec nous-mêmes et avec les autres. »

Dans son livre « Le ventre de l’atlantique », elle décrit par ailleurs la jeunesse africaine piégée dans les mirages du désir d’Europe et donne la parole aux femmes « héroïnes du quotidien » dont les maris migrent ou disparaissent tragiquement.

Elle a dû lire CONDORCET car elle affirme que « les dirigeants africains doivent miser sur l’éducation et la formation pour donner un avenir aux jeunes ».

TANIA DE MONTAIGNE : une noire … pas Noire.

Elevée par sa mère dans un milieu défavorisé Tania de MONTAIGNE dit « se retrouver dans un lycée du centre-ville parisien … grâce à une erreur administrative ».

Pur produit de l’école publique, elle est diplômée de l’Ecole des Hautes études politiques et sociales, on la retrouve sur la chaîne Canal + qui la sollicite pour l’émission Nulle Part Ailleurs .

Mais elle préfère travailler dans le centre social de Darveil (91) pour de l’accompagnement scolaire des élèves en difficulté.

Romancière et journaliste, on lui doit notamment : de « Noire » et « L’assignation – Les Noirs n’existent  pas».

Extraits :

« On ne dit plus « race », on dit « origine », mais le principe est le même. »

« J’essaie de me souvenir du temps où je n’étais pas Noire, mais seulement noire, sans majuscule. Ce temps où noire était un adjectif, pas un nom : une simple couleur. »

Dans la lecture en public de son livre elle revendique le fait de pouvoir dire « noir », « jaune », « juif » et – quoiqu’en pensent les identitaires de tout poil.

Elle s’interroge sur ce qui nous fait français : « être français, c’est être le protestant qui a été découpé à Paris comme celui qui l’a massacré, c’est être le juif qui est mort à Auschwitz comme celui qui l’a livré, c’est être le noir qui est mort dans les bateaux comme l’esclavagiste. »

Pour Tania de MONTAIGNE « Envisager une personne peut être déterminée par sa couleur, par l’endroit où elle vit, par la langue qu’elle parle, par l’histoire qui l’a construite … ce n’est qu’un tour de passe-passe idéologique ».

Voilà trois jeunes femmes racisées que Taha BOUHAFS, considéré comme la « pièce maîtresse de la stratégie d’entrisme islamiste au sein de LFI », pourrait aussi qualifier « d’Arabe de service » comme il l’a fait de la syndicaliste policière Linda KEBBAB … propos racistes pour lesquels il vient d’être condamné en appel.

Alors Houria BOUTELDJA, Marwan MOUHAMMAD, Taha BOUHAFS d’un côté

Rachel KHAN, Fatou DIOME et Tania de MONTAIGNE  de l’autre .

Où est notre camp ?
Où est la Gauche ?

Où est la Laïcité ?

Où est le message de CONDORCET ?

Dans une tribune du Monde le 21 novembre 2020 le jeune centenaire, philosophe indiscipliné, Edgar MORIN oppose « la France identitaire et la France humaniste ».

Cela pourrait être une grille de compréhension cohérente.

9- CHOISIR SON CAMP le 10 novembre 2019

Les partis politique de la Gauche française sont tous concernés et traversés par des tensions plus ou moins grandes.

La manifestation du 10 novembre 2019 peut être considérée comme un révélateur des positions profondes des uns et des autres.

Que s’est-il passé le 10 novembre 2019 ?

Suite à l’attentat de la mosquée de Bayonne du 28 octobre 2019 une mosquée bien tranquille, pas salafiste du tout avec deux fidèles blessés par balles … une manifestation a été organisée sur la base d’une tribune publiée dans Libération et intitulée « Stop à l’islamophobie ».

L’appel est lancé par Madjid MeESSAOUDENE (alors élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste).

Et on retrouve parmi les signataires, l’inévitable Marwan MOUHAMMAD mêlé à des syndicalistes, des politiques et des décoloniaux .

Ce même Marwan MOUHAMMAD qui, perché sur un camion sono lancera au passage du cortège plusieurs « Allahou Akbar [ “Dieu est grand”] », repris par une grande partie de la foule.

Trois raisons de ne pas participer :

Trois éléments auraient dû rendre difficile voire impossible l’adhésion des gens de Gauche à cette initiative :

le premier élément concerne l’identité des rédacteurs de ce texte et au premier rang desquels on trouve le CCIF autour duquel gravitent des intégristes comme les Frères Musulmans, zélateurs du concept d’islamophobie. Tous ces gens assimilent toute critique de l’islam à du racisme.

Le premier signataire est donc Madjid MESSAOUDENE proche de Tariq RAMADAN et alors élu au Conseil municipal de St Denis, connu pour avoir publié une longue série de tweets en 2012 en ironisant sur le meurtre des enfants juifs par le terroriste Mohamed MERAH.

On trouve à ses côtés la fine fleur des universitaires journalistes, polémistes, qui piétinent à chaque occasion la laïcité « racisme d’Etat ».

Il est clair que l’objectif de tous ces gens-là n’est pas de défendre les musulmans agressés (que font-ils pour soutenir leurs coreligionnaires victimes ailleurs dans le monde ? ) … mais leur obsession est de combattre les laïques de notre pays, et en particulier les musulmans laïques qui doivent vivre aujourd’hui sous protection policière.

Les attaques contre l’école laïque française ne sont pas bien loin … elles vont arriver.

le second élément est le contenu de cette tribune où sont ciblées « les lois liberticides » … c’est-à-dire

  • la loi de 2010 (portant sur l’interdiction de cacher son visage dans l’espace public adoptée pour des raisons de sécurité et de vivre ensemble

  • la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux pour les élèves des écoles publiques.

  • -et peut être même en toile de fond la loi de 1905 dite de séparation des Eglises et de l‘Etat.

Tout cela ressemble à un piège tendu aux organisations politiques, syndicales et laïques attachées aux luttes contre le racisme et contre les discriminations.

Piège dans lequel sont tombés, inconsciemment ou non, bon nombre de responsables politiques de Gauche.

Autre élément de réflexion : 3 ans auparavant le 26 juillet 2016 ; Jacques HAMEL prêtre auxiliaire se Saint Etienne de Rouvray avait été égorgé dans son église.

Les élus de Gauche auraient-ils participé à une manifestation contre la « cathophobie » initiée par les intégristes catholiques Civitas, La Fraternité Saint Pie X et autres Zemmourophiles ?

On peut tout à fait comprendre la réaction de solidarité quand se produit un attentat. Mais il n’y a pas de bons ou de mauvais attentats, comme il n’y a pas de bons et de mauvais intégristes religieux.

Un des principes de la laïcité c’est de ne pas choisir entre les opinons des citoyens, de les admettre toutes … à condition qu’elles respectent la loi et l’ordre public.

Mais les principes sont bien peu de chose pour certains devant l’électoralisme.

QUI PARTICIPAIT ? QUI NE PARTICIPAIT PAS ?

Qui participait ?

Olivier BESANCENOT et le NPA,

Marie George BUFFET et Iann BROSSAT pour le PCF (à noter l’absence de Fabien ROUSSEL secrétaire général),

Benoit HAMON, Guillaume BALAS pour Génération.s

Esther BENBASSA alors sénatrice EELV (depuis elle a été exclue du groupe … mais pour d’autres raisons) qui n’a pas hésité à se faire photographier à côté d’un enfant portant une étoile jaune.

Elle était cohérente avec elle-même puisqu’elle avait assuré auparavant que la loi de 2004 faisait subir aux musulmans ce que l’on avait fait subir aux juifs sous l’occupation. A noter l’absence de Yannick JADOT.

la Quasi totalité des parlementaires LFI convoqués par Jean Luc MELENCHON … celui à même qui en 2015 refusait de « qualifier l’islamophobie de racisme » et qui affirmait alors le droit à « une critique impitoyable des religions ». A noter le refus de participer d’Emmanuel MAUREL élu député européen GRS sur la liste LFI et l’absence de François RUFFIN et d’Adrien QUATENNENS.

Qui ne participait pas ?

Un seul parti de la Gauche manquait à l’appel ce jour-là : le Parti Socialiste suite à une décision unanime de son bureau national.

Son premier secrétaire Olivier Faure, ne souhaitait pas, en effet, associer son parti à un rassemblement « initié par le Collectif contre l’islamophobie en France et des individus qui ont des revendications qui ne sont pas les nôtres ». « Nous ne voulons pas nous associer à certains des initiateurs de l’appel » « Nous ne nous reconnaissons pas dans ses mots d’ordre qui présentent les lois laïques en vigueur comme ’liberticides ;», indique une résolution du PS qui ne reprend pas non plus le terme d’« islamophobie ».

Selon lui, « l’attentat perpétré il y a quelques jours à la mosquée de Bayonne est un acte odieux contre nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane et donc contre la République »

Une façon de se rattraper des erreurs passées des gouvernements socialistes et qui mérite d’être soulignée.

10- L’exemple de Danièle OBONO

Au sein des Insoumis la députée Danièle OBONO est devenue un personnage aussi incontournable qu’ambigu.

Elle est née au Gabon en 1980 dans une famille de la petite bourgeoise gabonaise. Son père, cadre supérieur chez PARIBAS fut ministre d’Omar BONGO. Il dût fuir son pays suite à sa candidature en 1998 à la présidence de son pays.

Danièle Obono n’a donc rien d’une descendante d’esclave comme Valeurs Actuelles avait cru bon, et d’une manière honteuse, de la présenter.

Elle se revendique « altermondialisteafro-féministeanti-impérialisteantiraciste, anti-islamophobe et à la fois internationaliste et panafricaniste ». Elle se définit également comme « bolchotrotskomarxiste » et « plutôt du genre indigène ».

Réfugiée en France et naturalisée française, elle a poursuivi de brillantes études universitaires avant de s’engager en politique dans le trotkisme: à la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire) devenu NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) où elle intègre rapidement la direction du parti.

Avec son groupe « Convergence et alternative » elle rejoint en 2011 le Front de Gauche puis en 2016 La France Insoumise.

Elue et réélue comme députée, à PARIS, elle est l’oratrice nationale de LFI et porte-parole de Jean Luc MELENCHON lors de ses candidatures aux élections présidentielles.

La France Insoumise (comme les Verts et sans doute le PCF) est divisée sur les questions identitaires et le racisme dit d’Etat.

En effet une partie de LFI vient des traditions politiques farouchement laïques et même anti-cléricales, tandis que d’autres militants notamment les plus jeunes sont issus comme Danièle OBONO de mouvements trotskistes et inter-sectionnalistes anglo-saxons qui soutiennent les luttes communautaristes des « opprimés racisés ».

Les prises de position de Danièle OBONO sont souvent clivantes et criticables ; elles expriment clairement les fractures qui existent sur les questions identitaires au sein de son parti politique mais aussi dans la Gauche sur ses questions.

manque de compassion vis-à-vis des victimes de Charlie et de l’Hyper Casher

dénonciation de la censure contre Dieudonné à cause du caractère négationniste de son spectacle

euphémisation du processus de radicalisation islamiste dans les quartiers populaires

signature d’une pétition au côté de Noël MAMERE, Clémentine AUTAIN, Eric COQUEREL et Eva JOLY en soutien à une chanson rap du groupe « ZONE D’EXPRESSION POPULAIRE qui proclame : « Nique la France … le racisme est dans nos murs et dans nos livres scolaires… Ton pays est puant, raciste et assassin »

déclaration sur son site officiel où elle qualifie de « très beau et très juste » le discours prononcé par Houria BOUTELDJA à l’occasion des 10 années du PIR.

interwiew le 5 novembre 2017 sur Radio J en affirmant qu’ Houria BOUTALDJA est un « camarade anti raciste » … entraînant une mise au point de Mario STASI président de la LICRA qui exprime alors « une grande inquiétude face à un tel relativisme qui conduit par la voix d’une élue de la République , à banaliser le racisme l’antisémitisme et l’homophobie. »

Tous ces excès de Danièle OBONO ont parfois entraîné des explications et des rectifications plus ou moins convaincantes.

  1. Conclusions provisoires

Quand ce long travail de synthèse a été terminé il en est ressorti une sorte d’insatisfaction car bien d’autres pistes auraient pu être investies.

on aurait pu aussi …

On aurait pu analyser la position des forces de Droite car on ne doit pas oublier que la Droite et l’Extrême Droite françaises restent les ennemis historiques de la Laïcité. Hier ils défilaient à Versailles contre le projet SAVARY sous la banderole « Gardons Dieu dans nos écoles » aujourd’hui les mêmes se cachent derrière le mot Laïcité pour interdire le port du voile dans l’espace public.

On aurait pu se souvenir du comportement systématiquement anti-laïque de Président SARKOZY pendant son mandat : discours de Latran avec sa laïcité « positive » importée tout droit du Vatican, accueil de Tom CRUISE ambassadeur de la secte scientologue, refus de qualifier les frères musulmans de l’UOIF comme intégristes, en leur ouvrant les portes du CFCM au grand désespoir des musulmans laïques, suppression des IUFM et de la formation des enseignants du public (en sauvegardant le privé) avec 80 000 postes supprimés en 5 ans …

On aurait pu analyser le comportement et l’idéologie d’autres personnages : Edwy PLENEL et Médiapart toujours prompts à défendre les différentialistes, comme Virginie DESPENTES qui a osé affirmer en éloge des frères Kouachi : « J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. » 

On aurait pu aussi approfondir cette conception du nouveau anti racisme, qui n’est peut-être bien qu’un nouveau racisme à sens unique … mais qui émane de gens qui se réclament de la Gauche. Quand la Gauche universaliste à oeuvré pour extirper la notion de race humaine de notre vocabulaire … jusque dans la Constitution, voilà que la Gauche identitaire ne trouve rien de mieux que de la faire ressurgir

On aurait pu développer la question du féminisme, on pourrait même peut être écrire des féminismes.  N’oublions pas que les éléments féminins de notre société sont historiquement les cibles privilégiées des religions et plus précisément des intégrismes.

 … On aurait pu approfondir le concept d’identité qui ravage notre société avec un identitarisme de Gauche que l’on peut considérer comme le pendant de l’identitarisme d’extrême droite.

On aurait pu insister sur les dangers que court notre école publique laïque, cible commune des intégristes religieux, de la Droite politique et des conservateurs de tous poils. Les attaques actuelles contre la loi du 15 mars 2004 montrent à l’évidence la nécessité de la défendre avec encore plus de conviction.

On aurait pu constater que le colonialisme et l’esclavage ne se limitent pas aux pratiques condamnables des nations européennes et occidentales, mais qu’ils ont toujours existé, et existent encore dans le reste du monde.

On aurait pu rappeler que la laïcité pierre angulaire de notre République démocratique est un principe qui permet de protéger les religions et le droit à la liberté de culte… mais qu’elle doit combattre toutes les formes d’intégrismes qui ne sont qu’une forme modernisée du cléricalisme combattu en 1905.

… On aurait pu affiner le concept de République. La République c’est une société qui traite l’ensemble de ses membres comme ayant une valeur égale et comme instaurant entr’eux des rapports d’égalité de droits et de pouvoir.  Toute forme d’exclusion est absolument contraire à l’idée républicaine.

Car derrière l’attaque contre la Laïcité l’objectif est bien d’atteindre la République et son école publique elles-mêmes.

 Tout cela suffirait à nourrir bien d’autre ateliers de la laïcité sur tous ces sujets … A suivre .

– L’essentiel des sources :

* SUR LA GAUCHE 

* « Histoire des Gauches en France » Maurice AGHULON Editions La découverte

*« Les Orgasmes de l’histoire » d’Yves FREMION,  François VOLNY et Guillaume KENIA  chez

l’atelier du possible

*« Du gauchisme culturel et ses avatars » (Revue « le débat » septembre octobre 2013 .Jean Pierre Le GOFF et « Mai 68, l’héritage impossible »

*« VERBATIM 1981-1986 » Jacques ATTALI Editions FAYARD

* SUR LES LAIQUES UNIVERSALISTES

*« Racée » (2021) Rachel KHAN Editions de l’Observatoire

*« Marianne face aux faussaires – Peut-on devenir français ? » (2022)  et « Le ventre de

l’atlantique » (2003) Fatou DIOME Albin MICHEL

*« Noire » (2015), prix Simone Veil et « L’assignation – Les Noirs n’existent »

(2018) Tania de MONTAIGNE Editions GRASSET

* SUR LES FEMINISMES 

 

*« La politique du mâle » et « en Iran » De Kate MILLETT Editions Des femmes Antoinette FOUQUE 1981

*« Les féministes blanches et l’empire », de Félix Boggio Éwanjé-Épée et Stella Magliani-Belkacem, Éditions La Fabrique, 2012

*« Un féminisme décolonial » Françoise Vergès, Editions La Fabrique Edition. 2019

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